Frontière Nicaragua Costa Rica 1995

Ma traversée du Nicaragua a été assez mouvementée. La carte visa n’avait pas cours sauf dans une banque de la capitale Managua. Sans un cordoba (la monnaie locale) depuis le Honduras je suis parvenu jusqu'à la susdite banque grâce à la compréhension du conducteur du car, du réceptionniste d’un petit hôtel et du tenancier d’un restaurant qui m’ont avancé l’argent et m’ont fait entièrement confiance sur ma bonne mine. J’ai quand même passé une matinée entière à trouver la fameuse succursale bancaire et ainsi avoir l’immense plaisir et l’immense satisfaction de rembourser mes prêteurs. Je ne peux passer sous silence ma rencontre inopinée avec « la contra » qui mérite à elle seule le récit d’une anecdote vu les risques encourus. Me voilà donc à la frontière du Costa Rica, visa Costaricain en règle. Je paye une taxe en dollars pour faire tamponner mon passeport, preuve de ma sortie du pays. Non sans avoir vérifié au préalable la qualité du système bancaire et ainsi ne pas renouveler mon expérience précédente, je me dirige vers la douane Costaricaine. En réalité celle-ci est distante de deux bons kilomètres que je parcours à pieds, chargé comme un mulet avec mon sac à dos. L’esprit serein, je présente mon passeport au douanier, mais rapidement je sens que quelque chose cloche, celui-ci feuillette dans tous les sens mes papiers et finalement m’annonce ne pas trouver le tampon de sortie du Nicaragua. Interloqué je fulmine, mais face à l’adversité, sans mot dire, je reprends mon baluchon et repars à pieds pour deux kilomètres. Explication avec les nicaraguayens qui reconnaissent leur omission. Cinq minutes plus tard je repars en sens inverse, mais pour mon malheur je ne fais aucune vérification. J’intercepte un bus qui me mène à mon point de départ devant le même douanier Costaricain.

 Nicaragua-Costa Rica

Au bout de quelques instants celui-ci m’annonce gêné, ne toujours pas trouver de tampon et m’intime l’ordre de ne pas passer la frontière. Je décide de ne pas bouger et reste furieux derrière la barrière, espérant au bout d’un certain temps un geste de mansuétude. Une demi heure passe, rien. Je tente le tout pour le tout et passe hardiment la barrière en marchant rapidement. Acte qui peut paraître fou et que je n’aurais certainement pas fait ailleurs, mais je sais que ce peuple est très pacifique et qu’il est le seul pays au monde à ne pas posséder d’armée mais seulement une gendarmerie. Evidement je suis intercepté quelques mètres plus loin par la maréchaussée qui m’emmène au poste de douane principal. Je me couche par terre et commence à faire semblant de dormir. A ce moment passe un groupe de cyclistes canadiens, je leur demande de téléphoner à mon ambassade si mon histoire tourne vraiment au vinaigre. Une heure plus tard, rien n’a bougé, le personnel vaque à ses occupations sans me prêter la moindre attention. Soudain le chef de douane sort de son bureau et me dit « bon, venez avec moi ». Je le suis prestement et nous montons dans sa jeep direction la douane nicaraguayenne. Nous pénétrons dans celle-ci, il se dirige directement vers le bureau de son homologue ou il pénètre sans protocole tout en me laissant à l’extérieur sur un banc. Les bribes d’une algarade assez violente me parviennent à travers la porte. Je sens confusément que ça ne va pas tarder à être ma fête. Dix minutes plus tard le ton me semble avoir baissé et de fait mon chef de douane ressort très calme, l’air satisfait du devoir accompli, nous repartons immédiatement dans sa jeep. Il s’excuse auprès de moi des désagréments que je viens de supporter, comprend mon énervement, me signale la vigoureuse mise au point qu’il vient de faire avec son homologue et me souhaite un excellent voyage dans son pays. Mais très souriant il tient à m’expliquer le pourquoi de l’obligation d’un tampon, en effet trois pays d’Amérique centrale dont le Costa Rica ont un accord diplomatique en raison de l’activité des guérillas locales et il était vital pour ma propre sécurité de pouvoir justifier de l’entrée et de la sortie de chaque pays. 

Mis à jour (Dimanche, 04 Décembre 2011 16:40)