Bakchich et Pacaya : Guatemala 1995

Les deux historiettes qui vont suivre décrivent deux facettes de la même réalité en Amérique latine. La première se situe sur la route du Pacaya, volcan en activité d’une altitude de  2552 mètres en périphérie de la ville d’Antigua au Guatemala. Elle est le reflet de la corruption banale qui sévissait malheureusement dans ce pays. Le bus qui me transporte est tellement bondé que je me retrouve debout à coté du conducteur. Au bout de quelques minutes ma curiosité est éveillée par un étrange manège. Notre chauffeur prépare des petits rouleaux de papier  qu’il jette régulièrement par sa fenêtre. A la cinquième ou sixième fois, de plus en plus intrigué j’observe la trajectoire de l’objet volant non identifié  et constate qu’il aboutit systématiquement au pieds de la maréchaussée locale. La pratique du bakchich fait tellement partie du décor quelle ne doit pas retarder d’une seconde la progression de notre autocar. Dans chaque petit rouleau était inséré un billet de quelques Quetzals, la monnaie locale. Après plusieurs arrêts, ayant pu m’asseoir normalement à l’arrière mes voisins directs m’intiment brusquement l’ordre de me baisser. Surpris, j’obtempère imité par une partie des passagers.  L’explication me sera donnée quelques instants plus tard, la situation redevenue normale. le nombre total de voyageurs était largement supérieur au quota autorisé. Tout le monde a joué le jeu afin d’éviter un contrôle de police aux conséquences imprévisibles. Heureusement la fin de ma journée se finira agréablement par la montée du Pacaya avec mes chaussures de ville ! (quelle imprévision de ma part), mais quel bonheur d’éprouver dans la pénombre au bord du cratère le sentiment d’une immense beauté.Cheval Guatemala

Le deuxième récit est la preuve de la gentillesse malgré les difficultés de la vie quotidienne des habitants de ces régions. Elle se situe en Colombie à Medellin, alors lieu mythique et plaque tournante des trafiquants de drogue. Vu l’heure tardive et la réputation de la ville, je hèle un taxi, scénario très rare dans mon voyage et lui demande de me conduire dans un hôtel à bon marché. Arrivé à destination je m’apprête à régler ma course mais je ne dispose que d’une grosse coupure. « Je n’ai pas du tout de monnaie »  me répond mon chauffeur et tout sourire de continuer « ce n’est pas grave, allez y ». « non, non, ce n’est pas possible je vais aller chercher de la monnaie ». Au début il refuse fermement, mais devant ma détermination et après m’avoir mis en garde contre les risques, accepte ma proposition. Je me précipite dans une petite épicerie, achète une boisson fraîche et ayant échangé mon billet,  reviens régler ma note, à la grande joie de mon taxi.

 

Mis à jour (Mercredi, 23 Mars 2016 11:25)