Ticket de car : Brésil 1995

Brasilia, capitale du Brésil, ville ultra moderne, vaut bien un grand détour par le centre du pays. Construite à la fin des années 50 son architecture conçue par Oscar Niemeyer est vraiment digne d’intérêt. Je décide de visiter ses principaux joyaux, chefs d’œuvres d’architecture moderne qui agrémentent la ville : la cathédrale, le congrès national, le pont Juscelino, l’Eixo monumental …un seul moyen de transport : le bus, efficace, peu onéreux mais bondé. Arrivé à destination, dans la bousculade je sens une légère pression sur le haut de mon pantalon que je mets sur le compte de l’affluence. Sur le trottoir je constate que j’ai perdu mon porte monnaie, rétrospectivement je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’un vol mais de toute façon le résultat est le même. La perte serait moins dramatique si outre quelque menue monnaie celui-ci n’avait pas renfermé mon ticket de car pour Salvador de Bahia, ville située sur la cote atlantique à 1500 kilomètres de là. Vu la distance le prix n’était pas donné, la perte dudit billet allait en conséquence fortement grever mon budget au Brésil à moins de trouver une solution. Je me rends immédiatement à la station principale où je l’avais acheté. Le responsable me conseille de me présenter comme convenu au départ le lendemain matin et de me mettre d’accord avec les deux chauffeurs. J’obtempère et me voilà à la première heure fort matinale à la porte de mon autocar. Malheureusement, bien que les places soient numérotées les chauffeurs ne veulent rien savoir, surtout l’un d’eux. Au fur et à mesure, l’heure du départ approchant les passagers arrivent. Ile d'Algodoal

La tension monte, je commence à faire un véritable cirque, (j’ai du être acteur dans une autre vie), à ameuter la population, le tout dans mon modeste espagnol alors que la langue nationale est le Portugais. Les nombreux passagers, convaincus par mes explications, entrent dans la danse et plaident ma cause auprès des inflexibles chauffeurs. J’insiste évidemment sur le fait que je n’ai plus les moyens de continuer mon voyage. C’est alors qu’un personnage à l’apparence très sérieuse se détache du groupe et m’annonce : « monsieur, je vous offre le billet ». Joignant l’acte à la parole, il sort son porte feuille et paye rubis sur l’ongle le montant de la course au chauffeur encaisseur médusé. J’accepte, mais dés que je m’assoie près de lui, je lui explique avoir assez d’argent, que je n’ai pas tout perdu dans ma mésaventure et qu’après notre départ je vais le rembourser. « pas question, je suis un juge et il s’agit de l’honneur de mon pays ». c’est à ce moment là qu’un jeune brésilien d’une vingtaine d’année se présente tout essoufflé à la portière avant de notre carrosse et brandit à bout de bras, devinez quoi : mon porte-monnaie. A l’intérieur pas la moindre trace de monnaie, mais mon sésame pour Salvador de Bahia. Etait ce mon voleur qui voit là la seule façon de monnayer son larcin, ou un honnête quidam qui avait simplement retrouvé mon porte-monnaie ? Je ne le saurais jamais. Dans l’incertitude je lui remets une petite somme et me fait rembourser sans problème mon billet qui a été payé deux fois. Vous aurez du mal à me croire mais il m’a fallut plusieurs minutes pour convaincre mon bienfaiteur, ce juge intègre de reprendre son pécule.





 

 

Mis à jour (Mercredi, 04 Avril 2012 14:34)